Le noir
(réécriture)
...
La nuit, le jour, on y voit clair
Même les ombres nous le disent
Les ombres assises au réverbère
Sur le parking, devant l’église
La nuit ne sera plus jamais
Comme à son passé, menaçante
Sur les clochers, les toits d’amiante
L’obscur ne règne qu’à moitié
Oyez funèbres oraisons
Au long murmure des saisons
Quand elle sinue sur les maisons
Quand elle sature l’horizon
Et qu’elle applique ses mains moites
Sur les nuages écarlates
La nuit s’éprend, la belle amante
Des grands clochers, des toits d’amiante
La nuit, ses lèvres recouvertes
La nuit, ses rêves d’épouvante
Oyez funèbres oraisons
O Les passions ! Les tentations
La quotidienne mutation
Le chant des mortes floraisons
Oyez funèbres oraisons
Dos de fenêtres aux œillets clos
Aux volets plats, vont crescendo
Comme une marrée déferlante
Les voix des félins, des junkies
Dans la nuit d’encre rugissante
Oyez funèbres oraisons
Quand elle englue votre raison
Oyez funèbres oraisons
La nuit vibrante d’émotion
...
Le noir !
Ses yeux voient dans le noir
Son iris est luminescent
Il vous arrive sans le savoir
Dans vos nocturnes indécents
De croiser le regard
Des ombres qui, fuyantes
Vont après lui
Autrefois
Sa longiligne silhouette
Fut celle d’un bandit
Prestidigitateur
Habile en la tourmente
Aux manières savantes
Prophète, le meilleur
D’entre tous les voleurs
On dit qu’il naquit de la lave
Fils du soleil et des volcans
Qu’il emprunta sa grâce au faon
Et qu’il vaincu les éléments
Ne lui demandez pas son âge
Il l’a enfoui sous ses turbans
C’est un bien curieux personnage
Il vous dira : j’ai dix mille ans !
La nuit, les chats vont après lui
Au lac où reflète la lune
Pendant qu'expire une bougie
Et qu'un encens fume
A l’eau bleutée, les nombreux phares
Qui sont des astres miroités
Des narcisses et des nénuphars
Admirent sa beauté
Lentement monte le son
La procession des consones
Les voyelles félonnes
Et les incantations
Est-ce un bohème
Est-ce un fantôme ?
Personne ne sait
Qui est cet homme ?
Dans les roseaux
Est ce un échos ?
Personne ne sait
Ni oserait
S’en approcher
Il chante ! Il danse
Squelette aux os de paille
Tête d’épouvantail
Amiral en guenilles
Des flottes de corbeaux
En ce lieu de ripaille
Il claque des sabots
Sur la terre en tombeau
Sa rauque voix raisonne
A des miles à la ronde
Il n’y a pourtant personne
A des miles à la ronde
Il a dans son ballot
Dans ses poches en lambeaux
Un trognon sans noyau
Des secrets ancestraux
Des runes, des cristaux
Aux rayonnements pâles
Son souffle est sans pareil
Ses bras sont des tenailles
Ses manches de manteau
Sont comme des couteaux
Comme dans un tableau
Comme au bout d’un pinceau
Des lames de ciseaux
Qui font fuir les oiseaux
...
Oyez funèbres oraisons
Au long murmure des saisons
Quand elle sinue sur les maisons
Quand elle sature l’horizon
Oyez funèbres oraisons
Quand elle englue votre raison
Oyez funèbres oraisons
La nuit vibrante d’émotion
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