Texte du sujet: Paradis, sujet 1 : "Les portes du Paradis"

Il avait rendez-vous au Paradis.

Avant cela, il avait constaté, une fois ce grand portail doré à l’excès franchi, qu’il fallait auparavant passer par une sorte de salle d’attente, luxueuse elle aussi, grande comme un palais, et, ici, on était censé méditer ou prier, afin de montrer pattes blanches devant les (juges ? saints ?) peu importe le nom qu’on leur choisissait, ils étaient les délégués d’un ou de plusieurs dieux, à moins qu’ils ne soient eux-mêmes des dieux. Il ne le savait pas. Il avait juste compris, à ce qui se murmurait autour de lui, qu’il passait devant une sorte de jury d’admission.

D’ailleurs, les conversations de cette antichambre ressemblaient tant aux discussions d’étudiants en période d’examens, qu’il en avait un sourire ironique aux lèvres. Il y avait les stressés qui pépiaient avec agitation, les faux-nonchalants qui se donnaient des airs décontractés mais allaient chiper des informations en papotant avec les précédents, les fervents croyants qui priaient ostensiblement, les méprisants qui pensaient leur place acquise ; il revivait à cent pour cent ce qu’il avait déjà vécu là en bas, c’en était comique.

La durée de l’attente rappelait celle que l’on subit dans les hôpitaux, chez les médecins. Il était au bord du fou rire. Pas si étonnant, finalement. Le merdier d’en bas était bel et bien à l’image de ceux qui le présidaient depuis les hautes sphères !

Il se demandait ce qui se passerait une fois les majestueuses portes en bois franchies. Des hôtes d’accueil à l’allure austère et au ton professionnel, encadrés par des décrépis trop gras de se goinfrer sur le dos du bas peuple, faisant la moue d’être face à un homme du commun comme lui ?

Ce paradis n’était qu’une parodie.

Et encore, même pas. C’était juste la même chose qu’en bas, en à peine plus éthéré. Comme un monde chevauchant l’autre monde, un maillon de la chaîne alimentaire, de la chaîne élémentaire. Le passage d’une dimension à une autre, avec d’autres personnes, à peine mieux placées. Un échelon de plus dans la folie administrative que certains appellent la phobie administrative.

Si ceci était le paradis, il n’était qu’une parodie, par rapport à notre vie…

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plancton2000
en vérité, il a peut-être atterri en enfer... :D
chouette texte ! j'aime beaucoup, comme toujours, tes jeux de mots

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AirellaRed
Merci! Pas beaucoup de jeux de mots par rapport à d'habitude [mode feignasse ON].
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