« Quelques minutes plus tard, j'avais sauté dans mon van, abandonné ma tente lacérée et plusieurs équipements de camping, et je roulais vers Innamincka à toute allure »
Kenneth Cook - L'ivresse du kangourou
J'avais jamais été réellement réputée pour mon courage. En fait, j'étais aussi craintive qu'un nouveau né dés lors que je me retrouvais hors de ma zone de confort.
Annamincka était la ville la plus proche du lieu où j'avais planté ma tente. Enfin...si on pouvais appeler ça une ville. 12 habitants selon un dernier recensement. Mais mon envie de bière grandissait au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient et je je roulais à toute berzigue dans le bush. Bordel de merde pourquoi j'avais accepté cette mission de photographier les lieux pour un putain de site offrant des tours de 4x4 en plein désert pour amuser les touristes ou les étudiants au pair ? Pffff...je savais pertinament pourquoi... Pour en mettre plein le vue à mon cher supérieur qui nourrissait mes pensées les plus sensuelles et vicieuses. Pour avoir ses félicitations. Pour avoir sur moi un regard impressionné par la qualité de mes photos.
Je le maudissais... Je le maudissais autant que la putain de faune Sud Australienne !!
Je maudissais cette faune de m'avoir attaquée alors que je faisais simplement mon travail. J'ignorais encore la bête qui avait ruiné ma tente et saccagé mon repas, j'avais eu trop peur pour me retourner et tenter de la photographier. Tout ce que je voulais, c'était sauver ma peau !!!
Et je maudissais tout autant ce putain de supérieur dont le charme, le charisme, la largeur d'épaules, la taille proche des 2m, les yeux bleu foncé et les lèvres charnues me faisaient tourner la tête et fixaient mon regard sur lui comme une collégienne matant le plus beau garçon de son établissement.
A croire qu'on est plus totalement nous même quand une autre partie de notre anatomie nous commande... En sa présence, mon cerveau se mettaient en RTT et passait le relais à qui voulait bien s'occuper de la tâche d'avoir une discussion professionnelle avec une construction syntaxique logique et ne pas passer pour la pire candidate de téléréalité.
La bière coulant dans ma gorge nouée et désséchée eut l'effet d'un souffre frais de vie dans ma bouche et mon oesophage. Je la bus presque d'un trait et en recommanda une autre au barman. Par chance, il me restait des boites de raviolis, des patates, de l'eau et du pain dans mon van. J'aurais de quoi tenir en prenant la route vers Adelaïde. En faisant les haltes dans ces mêmes coins perdus comme celui dans lequel je me retrouvais, je parviendrais à revenir à la civilisation en un seul morceau. Si mes photos ne lui plaisant pas, je lui enfonce mon plus gros zoom façon coloscopie et j'en photographie ce que montre la lentille. Il en serait autant démonté que moi dans mes fantasmes.
- « Nouvelle à Innamincka ? » me demanda le barman en me posant ma seconde bière
- « ...nouvelle à Innamincka... » répondis-je laconiquement
- « Que faites vous dans le coin ? Vous faites du tourisme»
Après une grande gorgée de liquide blond, je soupirais et répondis :
- « Non, je suis là pour les beaux yeux de mon supérieur qui me ferait faire le poirier au milieu d'un rond point d'Adélaïde le tout déguisée en princesse Peach et en chantant la Traviata s'il me le demandait... »
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