Textes - Ateliers

Texte du sujet: Espace, sujet 3 : "Espace Vert"

Elle s’amusait à compter les pétales des marguerites, répétant inlassablement les chiffres. Un, deux, trois, quatre… et recommençait quand bon lui semblait, après quatre ou après trente-deux, selon sa fantaisie.

Sa voix ramollissait par moments, et l’on sentait que le chant des nombres la berçait à l’ombre des prunus.

Texte du sujet: Voyages - Sujet 3 : L'Exil

A une amie qui m’est chère,

 

          Si tu lis cette lettre aujourd’hui, c’est que je suis loin, je ne sais moi-même pas exactement où. Je ne sais pas où je vais, mais je sais pourquoi, et c’est la raison pour laquelle je t’écris aujourd’hui.

Texte du sujet: Espace, sujet 1 : "L'Espace d'un Instant"

2001, j'ai 8 ans. Je tiens la main de ma mère à la sortie de l'école. Mes camarades rigolent, embrassent leurs parents. Certains par contre sont un peu stressés en vue de la rencontre entre les instits et les parents dans environ une heure. Personnellement je suis sereine. Je suis bonne élève, donc aucun souci à me faire.

Je me doutais pas qu'une fois à la maison, j'allais être témojn d'un événement qui allait être gravé à l'encre indélébile.

 

Texte du sujet: Érotisme, sujet 5 : "Sensualité"

Comme beaucoup, ils se sont rencontrés au travail. Il était un futur client, elle était chargée de projets dans une startup qui commençait à décoller. Ce que tout le monde pouvait savoir d'eux au premier coup d’œil, c'est que lui était aveugle mais avait un égo tel qu'on sentait sa présence lorsqu'il rentrait dans une pièce et qu'elle était très concentrée sur son travail, consciencieuse, obsédée de toujours en faire plus, de toujours faire mieux.

Texte du sujet: Sommeil, sujet 5 : "Ode au Sommeil"

Lentement enveloppée par la nuit

La fatigue m’envahit doucement

Mes yeux s’emplissent de picotements

C’est l’heure du coucher je m’en réjouis

 

Texte du sujet: Sommeil, sujet 3 : "In Wonderland"

Il y a trois chiens derrière la porte, trois tout petits chiens, je les ai vus par le trou de la serrure, la seule chose que je sais c'est que je dois en choisir un pour le sauver. Un et un seul. Comment je le sais ? Je l'ignore...

Maintenant, je suis assise, dans le coin d'une pièce, un rayon de soleil tombe sur mes pieds, je constate que j'ai des chaussures d'enfant, des souliers vernis, j'ai peur de les abimer...

Je suis devant la porte à nouveau, je lis leurs noms sur leurs colliers : Corneille, Racine et Flaubert.

Texte du sujet: Sommeil, sujet 5 : "Ode au Sommeil"

Ô transe nocturne, toi qui m’attire dans les tréfonds de mon oreiller,

Qui m’emmène loin, sur d’étranges planètes, cheminer,

Qui m’anéantit, qui me revigore,

Qui me fait vivre bonheurs et gore,

Qui m’agrippe encore vers toi lorsque sonne le tocsin

Du réveil-matin,

Qui est un dénominateur commun à toute l’humanité,

Qui fait se rejoindre les bons, les brutes, et les fêlés,

Dans leurs rêves ou leurs insomnies,

Dans les profondeurs de la nuit,

Qui ne viens jamais quand on t’attend,

Qui arrive parfois très brutalement,

Qui nous entoure aussi de ta douceur,

Qui nous fait quelques frayeurs,

Qui nous assomme, qui nous marque la joue,

Toi, carburateur ou réparateur, toi, sommeil vif ou doux,

Tu as toujours été, et tu es.

Toi, sommeil, saleté de sommeil, adoré sommeil, étrange sommeil, enfiévré sommeil, tu es le jour, tu es la nuit, tu n’as pas de règle. Et nous t’aimons parfois ainsi, anarchique sommeil, relatif sommeil, tel que tu es.

Texte du sujet: Voyages - Sujet 2 : Voyager par les sens

Le grenier sentait la poussière et l’odeur de grand-mère, comme tous les greniers, au final. Pourtant, on pouvait y déceler, avec un odorat bien affûté, une odeur plus lointaine, plus ancienne : une odeur d’herbe fraîchement coupée au début de l’été pour pouvoir en profiter durant les beaux jours, une odeur d’épices, de coriandre et de gingembre, de fruits bien mûr, de bière à l’instant décapsulée et de la piscine et des trois enfants qui jouent ensemble à l’intérieur, au fond du jardin.

Dans ce grenier, on voyait presque le testament de cette femme, ancienne habitante. On pouvait y déceler des tranches de vies, des photographies aux couleurs et aux visages changeants, des heures de dur labeur pour créer une vie stable et l’offrir à des enfants capricieux, des nuits d’angoisses tournées vers le futur, l’ouverture d’un pan entier de l’existence dans un restaurant de quartier et les rencontres, encore et toujours, remplies de bonté et d’expériences à réitérer.

Le grenier était rempli de bruits de souris, parfois chauves, et d’autres rongeurs en tout genre arrivés récemment ou présents depuis le début, présents près de cette vieille femme et de son laboratoire culinaire, de sa vie modèle, de ses envies cachées et de ses fantasmes jamais assouvis, de ses rêves gardés au chaud dans l’écriture penchée d’un carnet noirci par ses émotions et maintenant jaunis par le temps, des sorties nocturnes pour lesquelles elle se rebellait enfin, partait sans en avoir le droit.

La texture du bois du vieux coffre faisait penser à ces textures d’arbres peut-être aussi centenaires que l’était cette femme, à ces grands chênes qu’on ne dépassera jamais et qu’on ne voit plus grandir, à ces après-midi passés sur la balançoire que certains s’amusaient à bloquer, à ces parties de billes rondes facilement perdues dans les buissons, à ces mêmes buissons qui servaient de cachette pour les plus aventureux et à ces parties de jeux inventés sur le pouce et dont les règles importaient peu.

Presque sur un présentoir se trouvait un livre, écrit, seul. Un livre de cuisine écrit à la main et aux recettes multiples dont les goûts semblaient varier, voyager à travers les différentes cultures culinaires du monde, en allant de l’Asie à l’Amérique du Sud et en passant par l’Afrique, l’Europe et l’Océanie. La femme devait avoir beaucoup voyagé, vu tellement de choses. Il y avait, à la fin du livre, une liste d’ingrédients savoureux ainsi qu’une liste de magasins où les trouver pour le plus bas prix.

 

Ce grenier, on pouvait le visiter pendant des heures, aller à la rencontre de cette femme, de sa vie, mais en même temps, l’impression de n’être qu’un imposteur qui suit une vie qui ne lui appartient pas subsistait, restait, ne s’éteignait jamais.

Texte du sujet: Sommeil, sujet 2 : "Coma"

Rien. Le noir complet. Je respire. J’ai l’impression de ne rien savoir. Je ne peux pas voir, je ne peux pas entendre. Tout est noir. Mes sens sont noirs, noircis par l’ignorance. Je ne peux pas toucher, je ne peux pas sentir. Tout est si noir. Un énorme trou à combler. Je ne peux pas parler, non plus. Je ne peux pas bouger. Puis-je faire quelque chose d’autre que de penser ? Et puis, penser à quoi ? J’ai l’impression de n’être rien, de n’être qu’une chose informe, sans existence propre. Il me manque beaucoup trop de connaissances, il me manque quelque chose qui ferait de moi un être total.