Le bonheur, pour moi, dans le contexte actuel, c'est de savoir que je suis entourée.
Coincée dans mon appartement, je ne suis pas seule. J'ai mes deux chats. Ils ne m'apportent pas la même chose qu'une présence humaine mais les voir respirer, jouer, les entendre ronronner, m'appeler, sentir leur présence la nuit, constater chaque jour, chaque nuit, qu'ils veulent être près de moi, qu'ils veillent sur moi, c'est précieux. Ils ne font pas semblant, ils ne font pas ça pour se donner bonne conscience. C'est sans condition. Un amour inconditionnel.
Le bonheur, pour moi, c'est appeler un collègue dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis longtemps, parce qu'il doit veiller sur sa famille, parce qu'il doit gérer une crise sanitaire chez lui, parce qu'il est inquiet et qu'il n'a pas le temps de commenter les vidéos rigolotes que les gens font parce qu'ils ont du temps à passer. C'est l'appeler, quelques minutes, lui témoigner de mon soutien, le faire rire, qu'il me fasse rire, qu'on sache qu'on peut compter l'un sur l'autre si besoin.
Le bonheur, pour moi, c'est de faire des conf call avec mes collègues et de parler de tout sauf du taff. Parce qu'on est plus que des collègues, on est des potes, on est proches. C'est organiser les prochaines conf call pour les collègues qui vivent seuls aussi. Mettre en place des choses, recréer des habitudes. Ca leur sert à eux mais à moi aussi.
Le bonheur, pour moi, c'est de savoir que mes proches vont bien. Recevoir un coup de fil de ma mère ou de mon père et les entendre raconter des conneries, refaire le monde.
Le bonheur, pour moi, c'est avoir la liberté dans mon appartement. Pendant longtemps, je me suis sentie prisonnière dans mon appartement parce que je ne pouvais pas aller où je voulais, parce que mon espace avait été envahi ou parce que les voisins m'imposaient leur musique, rendant impossible de profiter d'un bon film devant la télé ou juste de se satisfaire du silence. Aujourd'hui, tout n'est pas réglé mais ces quelques moments où je n'entends que mes bruits à moi, où je peux squatter n'importe quelle pièce ou encore déplacer des objets ou des meubles sans qu'on me demande "pourquoi", ça me suffit.
Le bonheur, pour moi, c'est avoir du temps. Ca fait plusieurs années que je travaille, même quand je ne suis pas sous contrat. Je m'imposais toujours de faire quelque chose d'utile, culpabilisant quand je jouais ou quand je ne faisais rien. Envie d'écrire ? Quelque chose d'utile pour les autres. Envie de jouer d'un instrument ? Concentration sur un morceau qui plairait à quelqu'un d'autre. Discuter avec quelqu'un ? oui mais quelqu'un qui en a besoin. Ca ne m'était pas arriver de juste me poser à rien foutre, le regard ailleurs, sans bouger, à profiter du soleil ou juste du rien faire. Et puis je suis allée à Bari avec aucun objectif. Je me suis baladé beaucoup mais la ville étant petite, le seul objectif (découvrir la ville) que j'aurais pu me fixer avait été rapidement atteint. Donc il ne restait plus que sortir et aller au bord de mer, regarder les pêcheurs, ne même pas leur parler, juste exister à leur côté. Ou se couler un bain avec de la musique et rien faire. Même pas penser à l'après. Juste exister sans rien d'autre. Depuis que je suis revenue, tout n'a été qu'un prétexte pour servir un objectif, un projet ou quelqu'un. Mais depuis qu'on est confinés, j'aime passer mes matins près de la fenêtre, baignée par la lumière du soleil, parfois avec un livre, parfois sans rien faire. Juste fermer les yeux et profiter de la chaleur, de la lumière.
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