Texte du sujet: La Mer - Sujet 1 : "Éléments déchaînés"

L’azure, le calme, le plat sont détruits en quelques seconds par les avalanches de sa rage, son brûlant malstrom de colère titube. Elle perd le contrôle et elle écrase le monde sous son passage. Blessée, elle oublie la réalité, elle se laisse vibrer au creux de ses abysses. Les premiers instincts la contrôlent, celui d’un déchirement qui la prend. Sa chair est l’eau.  Noyé, tous les noyers sous l’orage. 



Détruire, tout balayer pour éliminer la douleur qui la dynamite. Elle ment sous son venin effrontément pour se cacher derrière son venin. Elle affole le vent, il lui obéit. 

Tout ce casse, tout ce détruit.  Le styx scintille dans ses veines et le poison de sa psyché vient rythmer ses maux. Elle ne peut s’arrêter. Lui, il serre les mâchoires. Il tient la barque ivre, car il sait que les hurlements ne sont que la phase apparente d’une torture qui la fait danser. Lui navigue dans ce chaos. Les mains tremblantes, il la regarde. Affolé, il reste sur le vaisseau alors que tout le monde aurait déjà sauté. 

Ô, matelot, il chante au fond de la crique pour calmer sa tempête, il reste parfois dans le silence, car il ne sait que faire. Il l’aime éperdument alors subsiste contre le vent. Sa souffrance, il la sent. Putride dégueulis, elle le déteste d’être cet homme qui teinte ses tendresses. Chaos, sa langue continue de livrer les pensées meurtries par la déception. Elle espérait mieux, mieux que les Cries de cet enfant qui pleurent des torrents de cet océan. La lune passe et les marrés la dépasse. Lui, la pluie, il la connaît bien alors il reste accroché à sa barque, fermement. Il voudrait la toucher, l’enlacer pour lui extirper la douleur qui la retient, mais elle préfère voir les mirages blessants. Pourtant, il n’existe que dans les fleuves de ses plans, il vocalise son amour à contre-courant. Continuant parfois maladroitement, innodiblement, il essaie bien évidemment de calmer le bombardement. Il est effrayé, angoissé, il ne veut pas qu’elle se noie à l’intérieur de son propre cyclone. Il préférerait mourir plutôt de la voir s’étouffer ainsi et puis les vagues puissantes se transforme des vagues perdues, la pluie se poursuit devient plus fine pour s’étancher vers le calme plat. Elle est vidée de tout. Le néant sous les rétines, le matelot la cherche. 

À travers la brume, elle s’étale dans l’eau. Maladroitement, mais délicatement, il ramasse sa carcasse ulcérée. L’embarcation est lacérée, les bois sont disloqués, mais ce n’est pas grave, ils peuvent encore voguer. Il essuie les tremblements en faisant mourir ses peurs dans les prières de leurs liens, espère, il condamne les laves marines qui s’étanches sur son derme polémique, il panse de ses doigts et de tendresse les saignements de sa favorite. La douce déesse de son cœur, il la cherche. Ses iris sont vidés par la production frénésie de mise à mort. Elle meurt presque dans ses souffles. Le myocarde du marin s’affole encore, il se refuse de la laisser s’en aller dans les tombeaux du néant, il lui donne un peu de son souffle résistant des incantations qui papillonne de son extase de leurs amours pour lui rappeler les trésors qui on rester et puis délicatement, faiblement, de jour en jour elle reprend des forces dans les bras. 

Doucement, elle se relève en oubliant les éboulements qui l’ont mise à terre. Finalement, la lune rayonne et de sa voix fine elle arrive à livrer le pourquoi de ses blessures et il désarme les idées noires, les malentendus, les interprétations, ce coup d’aile de papillons qui a excité les fouges de la tempête. 

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plancton2000
Dernière modification le 04.02.2018 11:47 par plancton2000
La mer, support de tous les lyrismes ! Ton style porte merveilleusemen t le thème, je trouve. On sent la tradition gothique, son prolongement dans la poésie avec Baudelaire & co. ça m'évoque un passage des Chants de Maldoror de Lautréamont (tu l'as peut-être lu), celui de "la femelle du requin" dans le Chant deuxième: "Deux cuisses nerveuses se collèrent étroiteme nt à la peau visqueuse du monstre, comme deux sangsues ; et, les bras et les nageoires entrelacés autour du corps de l'objet aimé qu'ils entouraient avec amour, tandis que leurs gorges et leurs poitrines ne faisaient bientôt plus qu'une masse glauque aux exhalaisons de goémon ; au milieu de la tempête qui continuait de sévir ; à la lueur des éclairs ; ayant pour lit d'hyménée la vague écumeuse, emportés par un courant sous-marin comme dans un berceau, et roulant sur eux-mêmes, vers les profondeurs inconnues de l'abîme, ils se réunirent dans un accouplement long, chaste et hideux ! ... Enfin, je venais de trouver quelqu'un qui me ressemblât ! ... Désormais, je n'étais plus seul dans la vie ! ... Elle avait les mêmes idées que moi ! ... J'étais en face de mon premier amour !"
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Yoxigen
Il y a beaucoup de lyrisme dans certains passages ! Et j'aime beaucoup l'interprétation très originale que tu donnes au sujet smile
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