Texte du sujet: Folie, sujet 4 : "Au Pays des Merveilles"

Autour de moi, des chemins...plusieurs chemins... Des chemins faits en touches de piano. Dés que je posais un pied dessus, une note s'en échappait. Quand je prenais un chemin, une musique m'appelait au loin, étouffant celle qui venait d'autres chemins. Je reculais, pas très sure de moi. Revenant sur cet ilot circulaire dont les divers chemins lui donnaient une forme de soleil noir et blanc. Au bout de chaque chemin, un trou...un immence trou aspirant. Comme une attraction dont il était impossible de se défaire.

 

J'étais perdue. Quel chemin prendre. Toutes ces musiques étaient sympa, planantes ou revigorantes par leur rythme. Je ne savais où aller.

Privilégiant quelque chose dont j'étais habituée depuis mon adolescence, je pris un chemin où un son de boite de nuit s'en échappait.

 

Comme emportée par cette attraction rythmique, je me retrouva aspirée par ce trou noir semblable à un vinyle et déboula dans se qui ressemblait à une cabine avec un WC en piteux état. Visiblement il avait déjà été utilisé plus d'une fois. Cette cage était composée de murs crasseux graphés de mots tous aussi vulgaires les uns que les autres, souvent agémentés de numéros de téléphones promettant une séance de « sexy call » ou de fellation. Dans le cabine de droite, quelqu'un rendait l'intégralité de son estomac. Dans celle de gauche, un duo s'envoyait en l'air sans aucune pudeur.

Je sortis et prit la porte où s'échappait la musique. Sur le chemin je croisais des créatures hautes en couleur perchés sur des talons hauts, maquillées comme des pots de peinture, entrain de se refaire une beauté dans le miroir. Elles me jetaient des regards à la fois étonnés et méprisants. Je les entendais glousser derrière moi.

 

- « Comment elle à fait pour rentrer elle ? »

- « Ca doit être la femme de ménage »

 

Je découvrais une sphère musicale composée de gens entassés dans cette pièce où l'alcool coulait à flot. Des filles habillées en robes parfois trop courtes, le maquillage avait coulé sur leur visage. Autour d'elles, des satyres draguaient lourdement. Désirant ne pas être une cible, je me frayais un chemin à travers la foule dans l'espoir de trouver une porte de sortie. Mais j'avais comme l'impression de faire du surplace depuis un moment. En effet, la piste était en réalité un vinyle géant. Oh bordel de merde.

Soudain, ce qui semblait être un DJ envoya une tonne de ce qui semblait être de la monnaie. Dés lors ce fut l'écatombe. Les gens devenus comme des animaux se précipitèrent sur la piste pour se disputer le précieux butin. Ils avaient encore plus perdu la...raison.

Dans la précipitation je fus propulsée hors de la piste et tomba dans une trappe qui se trouvait dans le sol. Je dévala les escaliers en roulant et toucha lourdement le sol.

 

Dans mes oreilles, un rythme tapait toujours mes tympans, mais c'était plus un son dancefloor comme j'avais entendu dans cette espèce de boite à sardines où coulait un alcool bon marché et aux gens hypnotisés. Ici le sont était plus...fort, et sombre.

A nouveau sur mes jambes, je vis devant moi un long couloir sombre éclairé seulement par des néons aux couleurs pales. Les vêtements aux couleurs flashys et aux sequins avaient laissé place à un style gothique, cybergothique. Des sortes de créatures mi humain mi robot pour certains, vampires pour d'autres. Je faisais bien tache avec mes vêtements de tous les jours. Mais rien que l'attirance pour cette musique me faisait me rapprocher de ses personnes inconnues.

La musique crillait dans un pièce curculaire tout aussi sombre à la décoration dans un style industriel.

Je me mis à marcher en rythme, à bouger, à savourer pleinement le son. Des personnes dans des uniformes sado masochistes passaient et me fixaient. Je leur souriais sans cesser de me déhancher.

Danser non stop me donnait soif. Mais j'avais pas le souvenir d'avoir prit de la monnaie sur moi. Par chance, un billet de la boite du dessus était collé à ma semelle. Je le pris et alla vers le bar tenu par une femme fortement maquillée de noir et vêtue de latex.

 

- « Bonsoir, que puis-je avoir pour cette somme ? » demandais-je en lui tendant mon billet.

 

Elle le prit, l'observa, et répondit :

 

- « Une bloody beer chérie. Notre best seller, je te la conseille vivement »

- « Je vais suivre votre conseil alors. Va pour une bloody beer »

 

Elle me la servit dans un grand verre en forme de bidon et me l'approcha.

 

- « Nouvelle ici ? »

 

Je pris une gorgée de cette boisson couleur sang. Sa fraîcheur et son goût sucré me redonna un bon coup de fouet.

 

- « ...nouvelle ici oui »

- « D'où tu viens beauté ? »

- « D'en haut...mais je m'y sentais pas à ma place »

- « Oh...la piste de danse du dessus ? Nos mondes sont seulement liés par le plaisir de danser sur des rythmes entraînants. A part ça, tout nous opposes. Nous avons rien à voir avec leur mentalité superficielle »

- « J'avoue que je m'y sentais pas vraiment à ma place. Le DJ a balancé des billets sur la piste et dés lors tout le monde s'est jeté dessus »

 

La serveuse leva les yeux au ciel. Elle semblait pas étonnée.

 

- « Que des animaux. Ici au moins nous sommes plus simples, plus...vrais on va dire. »

 

Sur sa phrase, je vis passer devant moi une femme tenant un homme en laisse. Il marchait à quatre pattes avec une ball gag dans sa bouche.

 

- « Et...c'est bien vu ce genre de pratique ? » lui demandais-je

 

Elle éclata de rire.

 

- « Mais chérie, ici tu oublies les barrières sociales et autres inhibitions. Ici nous sommes libres de nos désirs. Nous les assumons totalement. Après tout, nous sommes habités par certains pulsions, n'est ce pas ? »

 

Je devinais un regard bourré de sous entendus. Chaque gorgées de cette bière me mettait de plus en plus à l'aise, brisait mon conditionnement. Et le rythme faisait battre mon cœur. Ma bière finie, je me reconnaissait de moins de moins. Les paroles prônant les pratiques BDSM et une sexualité sans tabou me donnait envie de me coller à ce duo de femmes qui s'embrassait langoureusement contre le mur, de me mettre à quatre pattes aux pied d'une maîtresse ou d'un maître expérimenté, d'enlever mes vêtements trop classiques et de sentir le frottement du latex contre ma poitrine. J'avais chaud...très chaud...

Le chant n'était même plus une voix claire, mais une voix trafiquée. La raison n'avait clairement plus sa place en ce monde.

 

- « Elle était bonne cette bière. Merci de la découverte »

- « T'en veux une autre ma belle ? »

- « J'ai plus un rond sur moi »

 

Un sourire vicieux habilla son visage.

 

- « On peux s'arranger »

- « C'est à dire ? Tu veux que je danse pour toi ? »

- « Je t'oblige pas tu sais »

- « Si je te propose... »

 

Je me leva et commença à danser au milieu de la piste. Je me sentais prise dans cette folie industrielle violente, désorganisée, tapante, underground. Je sentais les regards sur moi. Après tout, j'étais l'archétype de la parfaite inconnue paumée mais qui s'adaptait sans soucis. La serveuse au loin me quittait pas des yeux, satisfaite du spectacle que je lui offrais.

Ma nouvelle bière servie, je la bus avec délice. Sa fraîcheur coula dans ma gorge comme un souffle revitalisant.

 

- « Tu bouges bien du sais ? » me dit une voix féminine derrière moi. C'était une des femmes cybergothiques vetue de noir et bleu qui embrassait sa complice sur le mur.

- « Merci. Je suis tellement bien ici »

- « Tu veux que je te paie un cocktail ma belle ? »

- « Une autre bloody beer ne sera pas de trop »

 

Dés lors, tout s'accélera pour moi. L'alcool avait cessé de faire tomber les derrière barrières. Je me retrouva entre ces deux cyber-beautés. Chacune me malaxant un sein à travers mon haut bien trop simple.

 

- « Y a pas un endroit où on pourrait être tranquilles » je demandais à l'une

- « On va se mettre dans le couloir au fond, on sera plus tranquilles oui »

 

Dés lors, je fus transportée dans une folie sexuelle, charnelle, comme rarement j'avais connu. Couchée au sol, l'une souleva mon haut et l'autre baissa mon pantalon. Pensant que l'une s'occupait de mon intimité déjà bien réveillée, l'autre s'occupait de titiller ma poitrine avec envie pendant que je m'occupais de son entre cuisse. Tout s'enchaina à une vitesse que je ne saurais décrire. Nous étions plus que trois corps pris dans une folie carporelle. Se frottant les unes contre les autres, gémissant, nous touchant, nos corps pris d'une odeur des plus bestiales.

Notre dernière secousse commune me fit plonger dans une douce torpeur. Je me réveilla sur un canapé dans la pièce désormais vide. J'avais un marteau piqueur dans la tête, mes yeux me faisaient mal et les lumières du plafond m'aggressaient la rétine.

Sur la table à coté de moi se trouvait une paire de lunettes de soleil dans un modèle assez vintage, assez années 80. Attachées à celles ci, un mot disait : « Encore merci pour cette soirée. Au plaisir de te revoir à nouveau. Met ces lunettes et sort dehors, ça te fera venir un moyen de transport. Demandes lui l'hotel le plus proche »

 

Souvent les conseils de ces deux cyber-beautés, je me leva péniblement et sortit dans ce qui semblait être une ruelle. Il faisait froid, le sol était humide comme après la pluie, des néons bleu et rose éclairaient les lieux. Le froid me mordit la peau comme un animal et me fit claquer des dents. Je sortis de cette petit rue en titubant pour arriver sur une immense avenue décorée d'immeubles tous aussi immenses. Autour de moi, des voitures qui semblaient tout droit sorties d'un film des années 80 faisaient rugir leurs moteurs. « Iiiiiiiimmmmm... » « IIIIIIMMMMMM... » criaient ils sous la carrosserie.

Adossée contre un lampadaire, je mis les dites lunettes sur mon nez et attendit. Environ deux minutes plus tard, unes de ses voitures s'arrêta à me hauteur. Le vitre s'ouvrit et un jeune homme brun d'environ 20 ans au regard vert perçant apparu coté conducteur. Il baissa sa musique et me lança :

 

- « Vous montez ? »

- « Euh si vous connaissez un hôtel dans lequel je pourrais le reposer et cuver un peu je veux bien »

- « Je vous y emmène »

 

Autour de nous, le ville défilait à grande vitesse. Le visage contre la vitre, j'admirais le paysage tout en savourant la musique. Un mélange de son vintage des années 80 remit au goût du jour par des instruments actuels. Un son qui me prenait.

 

- « Je peux te tutoyer ? » me demanda l'inconnu

- « Oui si tu veux... »

- « D'où tu sors ? T'as l'air encore imbibée d'alcool » il ria un peu

- « Je viens d'une soirée assez...libérée on va dire. Musique puissante, voix déformée et aucun tabou. Ca te parle »

- « Ah oui, je vois. Tu as choisi ton clan où passer ta soirée »

- « Ben...je me suis mieux entendue avec des cyber-beautés sombres qu'avec ls créatures multicolores à la langue de serpent »

- « La même...mais je suis d'un tout autre coin »

- « Quel coin ? »

- « Un coin avec des néons, une technologie poussée, bord de mer et palmiers. Sombre et lumineux, ça me correspond. Et toi ? Tu es d'où ? »

- « Moi ?... »

 

Je marquais un temps de réflexion

 

- « ...je sais plus...Je suis allée dans tellement d'endroits... Je viens d'un coin où j'ai grandi mais je me reconnaissais pas... Depuis je cherche où me poser pour être moi même. Un monde qui me ressemble »

- « Hum...j'ai l'impression de m'entendre parler. Pour te la faire courte, il y a peu je venais d'un autre monde. Mais j'en suis sorti et ma curiosité m'a mené ici, et j'ai plus quitté cet endroit »

- « De quel monde tu venais ? »

- « Métaland. Et ici nous comme à Electroland. Un monde encore plus vaste. Tellement vaste qu'il est impossible de totalement le visiter»

 

Sans m'en rendre compte, je m'aperçu que nous avions quitté cette longue avenue qui serpentait dans la ville pour rouler sur une route en bord de mer. Le ciel noir commençait à tourner au violet, puis à devenir de plus en plus orangé au fur et à mesure que mon regard s'approchait de l'horizon.

 

- « Magnifique n'est ce pas ? » me dit l'inconnu

- « Oui...j'aime les levers et couchers de soleils. Les couleurs à chaque fois sont juste sublimes »

- « Tu veux qu'on s'arrête pour regarder ? Ou tu veux vraiment aller te coucher ? »

- « Jamais trop fatiguée pour admirer le beauté de la nature »

 

Il s'arreta dans un parking et nous descendîmes. Mes pieds chaussés de bottes s'enfonçaient dans le sable froid. Il me tenait par la taille contre lui pour m'empêcher de tituber.

Assis, nous regardions ce superbe cercle d'or se lever. Malgré sa promesse de chaleur, je continuais de grelotter un peu.

 

- « Tu veux ma veste ? »

- « Je veux bien merci »

 

Sa veste en cuir chauffée par son corps me réconforta suffisament pour m'offrir les meilleures conditions pour admirer le spectacle.

 

- « Au fait, je t'ai pas demandé, comment tu t'appelles ? » me demanda-t-il

- « Je me suis fais plusieurs identités selon les endroits que j'ai fréquenté. Mais contentes toi de m'appeler Astar. Et toi? »

- « Perturbant comme prénom, mais j'aime bien. Appelles moi James »

 

Le soleil levé, il m'aida à me remettre sur ses pieds.

 

- « Tu préfères pas que je te ramène chez moi ? Je te files mon lit et je me poserai sur le canapé »

- « Comme tu veux, mais si t'as des idées derrières la tête t'attendra que j'ai une meilleure forme »

 

Il éclata de rire :

 

- « Ca se voit que tu sors de cette boite industrielle. Non t'en fais pas j'ai rien derrière la tête. Du moins pour le moment... »

 

On rigola de bon cœur pendant que la musique jouait. De superbes palmiers aux formes phalliques décoraient ce bord de mer.

Une fois arrivés, je découvris un petit appartement un peu en désordre avec des fenêtres cachées par des stores à lamelles. Ils donnait sur le même bord de mer que nous avions longé.

 

- « Excuses le bordel Astar, mais c'était pas prévu que je ramènne quelqu'un »

 

J'en gloussais.

 

- « T'en fais pas. Je suis pas plus organisée que toi »

 

Il me montra sa chambre composée d'un lit simple, une moquette vert kaki, une fenêtre zébrée par ce même type de stores, un papier peint rayé. Apparemment il louait cet appartement pas très cher et se contentait du minimum sans prêter attention à la décoration. Mais ça me plaisait bien.

 

- « J'ai changé les draps avant hier. Euh...si tu veux je peux te prêter un tee shirt pour dormir. La salle de bain est juste à coté. Euh...si t'as un creux il doit me rester de la pizza au frigo »

- « C'est sympa. Files moi juste un tee shirt et je vais dormir, là j'en peux plus »

 

Je me réveilla après avoir dormi pendant de longues heures. Entendant du bruit dans le salon, je me leva péniblement avec à nouveau ce mal de tête et me dirigea vers la pièce. James était assis sur son canapé, les pieds sur la table, un cendrier rempli à rabord de mégots et de cendres, une part de pizza posée dans une assiette à coté de lui, une cigarette entre ses lèvres. Il avait le regard perdu. Des cernes noires creusaient son visage, lui donnant un air assez blasé de la vie.

 

- « Et coucou »

- « Ah te voilà miss » il posa sa clope fumante. « Bien reposée ? »

- « Ah oui ça fait du bien de dormir. T'aurais pas quelque chose pour le mal de crane ? »

- « Je vais te chercher ça. Poses toi »

 

Je me laissa tomber sur le canapé, toujours son tee shirt noir sur moi et ma culotte de la même couleur. Mes cheveux gras tombaient sur les cotés de mon visage et mon maquillage avait coulé. Mes cils encore chargés de mascara était fixés les uns contre les autres. Il revint derrière moi avec un verre d'eau avec un galet effervescent dans une main et une demi pizza au fromage dans l'autre.

 

- « Et voilà. Mademoiselle est servie »

- « Merci James »

 

Le ventre rempli et mon mal de crâne passé, je lui posais mille et unes questions sur cet endroit. Sur ce monde.

 

- « Si tu veux poser des question, faut que tu trouves le maître. Enfin...le maître qui parle notre langue. Parce que notre monde est peuplé de personnes parlant différentes langues »

- « Et comment je pourrais le trouver ? »

- « Avec du courage, de la détermination...et beaucoup de temps. Ce gars là bouge sans cesse. Mais une fois trouvé il se fera un plaisir de répondre à tes questions »

- « Il ressemble à quoi ? Comment il s'appelle? »

- « Un prénom à rallonges. Il répond à des initiales composées de 3 lettres, mais je t'en parlerai plus en détail. Pas que j'aime pas répondre à tes questions mais j'ai encore la tête comme une jarre, j'ai peu dormi. Faut dire que ce canapé est par très adapté pour dormir dessus. Mais en temps que gentleman...ou gars trop bon trop con, j'ai préféré te laisser mon lit »

- « Gentleman » dis-je en riant. « Je peux t'emprunter ta douche ? Besoin de me réfraichir »

- « Tu me la rends après, vu ? »

 

Cheveux rincés, peau débarrassée de sueur, de poussière, de maquillage... Je me sentais revivre. Mais il faudrait que rapidement je me trouve de nouveau vêtements. Les miens empestaient encore mes exploits de la nuit dernière.

 

- « Va falloir sur je me trouve de nouvelles fringues »

- « Tu veux que j'appelle un pote à moi ? Il tient une fripperie. Avec un billet tu peux être habillée de la tête aux pieds »

- « Elle est où sa fripperie ? »

- « A l'autre bout de la ville, pas loin du bord de mer. Je t'y amène si tu veux »

 

Ce gars était si serviable. Elle se demandait pourquoi il l'aidait comme ça alors qu'il la connaissait à peine. Etait-ce dans son caractère ou le faisait il dans l'espoir d'obtenir quelque chose d'elle ?

 

Un peu plus tard, après avoir longé la route de la plage et ses allées de palmiers au fond des synthétiseurs analogiques et des tambours éléctroniques et passé un collège, nous arrivâmes devant une boutique à la devanture très épurée. L'entrée se trouvait sur un immense panneau publicitaire écrit dans une calligraphie qui m'était inconnue.

 

- « C'est quoi cette écriture James ? »

- « Ah ça ? C'est l'influence vaporeuse de l'Est »

 

Pendant qu'il discutait avec un certain John, habillé d'une veste rouge avec un K sur la poitrine, je fouillais les cartons, les présentoirs, dans l'espoir de trouver une tenue de rechange. Mais je tendais quand même l'oreille pour entendre leur conversation et en connaître un peu plus sur ce monde là.

 

- « Tu l'as ramassée où ? » lui demanda ce John

- « Dans le coin industriel. Elle avait picolé et avait l'air paumée. Vu qu'elle avait pas un rond pour se payer l'hôtel je l'ai ramenée chez moi et elle a dormi dans ma chambre. Elle m'a dit qu'elle cherchait un endroit où elle pourrait s'assumer. Un endroit qui lui ressemble »

- « L'industriel lui a pas trop fait peur ? » demanda t il en riant.

- « Apparemment non, elle a du bien s'éclater. Elle m'a dit que venait d'un endroit où elle se reconnaissait de moins en moins »

- « Bon courage à elle. J'espère qu'elle finira par trouver sa place dans notre monde »

- « Puis elle m'a aussi dit qu'elle cherchait le maitre des lieux. Du moins celui qui parle notre langue »

- « Le maitre aux 3 lettres ? »

- « Ouais »

- « Bon courage à elle. Il bouge tout le temps... »

 

Trouver le maître ne serait pas de tous repos, mais j'avais tout mon temps. Personne m'attendait, j'avais aucune attache.

Finalement je trouva un haut violet avec un triangle à l'envers argenté avec des écritures rose fluo, un pantalon skinny noir et des converses. James me paya le relooking. Sortie de la cabine, mon style fit l'unanimité. Mon reflet dans le miroir me plaisait beaucoup. Comme si ce mélange de fluo et de sombre me correspondait.

 

Une fois sortis, il me demanda :

 

- « Bon alors ? Qu'est ce que tu veux faire maintenant ? »

- « Balader. Y a quoi plus loin là bas ? Vers ce ciel pastel »

 

Il grimaça légèrement :

 

- « Ah là bas tu vas vers quelque chose de plus vaporeux, reposant, lent... C'est sympa mais j'y reste jamais bien longtemps »

- « J'aimerais bien y jeter un œil, par curiosité »

- « C'est bien parce que c'est toi Astar »

 

Etrangement, dans cette partie de la ville, les gens parlaient très lentement. Comme un enregistrement passé au ralenti. Le ciel était bleu pastel avec un dégradé de rose. Dans la mer toujours présente, des dauphins perçaient le surface.

L'endroit était sympa, reposant...mais très voir trop lent. Comme si la rotation de la Terre (si on était toujours sur cette planète) avait soudainement ralenti. Je les voyaient tous avec la même boisson. Des canettes blanches avec écrit « Crystal » dessus ou des bouteilles d'eau nommées « Fiji ». La décoration des lieux était composée de statues en marbre blanc qui me faisaient passer à l'antiquité.

Avec nos vêtements sombres et notre démarche rapide, j'avais la désagréable sensation de faire tache.

 

- « T'aurais pas un billet s'il te plait ? J'ai envie de goûter leur...Crystal »

 

Il m'en tendit un

 

- « Perso je peux plus le boire. Ca me donne la chiasse »

 

Je m'approcha d'un stand et le salua.

 

- « Bonjour Mr »

- « Booooonnnnnjjjjooooooouuuuuuur » dit il au ralenti

- « Puis-je avoir un Cystal s'il vous plait ? »

- « Biiiieeeeeeen suuuuuuuuuur maaaaaadeeeeeemmmmmmoooooooiiiiiiiiseeeeeeeeelleeeeeeee »

 

Sans se presser, il alla chercher une canette et me la tendit. Je lui donna mon billet.

 

- « Meeeeerrrrrcccccciiiiiiiii àààààààààààà vooooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuus »

- « Bonne journée »

- « Aaaaaaa vvvvvvoooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuuuus aaaaaaaauuuuuuusssssssiiiiiiiii »

 

Sur le chemin du retour, James me lança :

 

- « Je ne supporte pas leur façon de s'exprimer. J'ai envie de les secouer. Bordel 10 secondes pour dire une phrase de 5 »

- « Je reconnais que c'est perturbant... Mmmmh pas dégeu leur Crystal. Mais ça égale pas une bière »

- « Si tu veux boire de la bonne bière, faut aller au Future Club. Là où j'ai l'habitude d'aller. La bière est bonne et la musique hypnotisante. Si tu veux je peux t'y amener ce soir, si t'as pas prévu de partir direct à la recherche du maître aux 3 lettres »

- « J'ai le temps. Personne m'attend, j'ai personne dans ma vie. Puis cet endroit où tu évolues me plait bien. Je pense rester un peu. Juste que je trouve comment gagner quelques billets »

- « Tu peux payer avec ce que tu veux ici. Tant que t'as un truc à donner... Tu peux payer avec des putains de coquillages que t'as en bord de mer. Même avec ton corps si ça te chante et si t'es pas farouche »

- « Comment crois tu que je me suis mise dans l'état dans lequel tu m'as ramassée ? Avec quoi crois tu que j'ai payé mes consos. J'ai promis mon corps à 2 cyber-beautés et voilà... »

- « Oh championne. T'as pas froid aux yeux»

- « J'ai même chaud à certains endroits. J'ai appris à m'écouter et later les jambes à bien des tabous inutiles »

 

Il ria.

 

- « Je vois je vois... Tu sais que je t'approcie déjà ? »

- « Oui je m'en étais appercue... Moi aussi je t'apprécie » dis-je avec un clin d'oeil

 

Un peu plus tard, nous étions sur le bord de la plage à ramasser des coquillages pour me faire une monnaie d'échange. Je regardais également le paysage autour de moi. Cette ambiance rétro futuriste décorée de palmiers me plaisait. Puis l'ambiance générale me convenait. Le gens semblaient ne pas se prendre la tête, s'assumer, être libres sans impieter sur la liberté des autres.

Les coquillages ramassés servirent de monnaie pour nous payer un burger dans un diner en bord de route. En mordant dans mon cheeseburger, je demandais à James s'il avait des potes dans le coin. A part celui qui tenait la friperie.

 

- « Oui j'ai un duo de potes bien sympas. Ils viennent souvent au Future Club. Je les vois toujours ensembles, limite je me demande s'il sont pas en couples. Euh...ben à part ça non, j'ai pas plus d'amis que ça. Ceux que j'avais à Metaland m'ont lâchés que je suis venu ici. Soit disant seul leur monde est 100% vrai et que les autres sont superficiels »

- « Ah, ça me rappelle ce que m'as dis la serveuse dans le bar industriel »

- « Ah...ce bar là est une sorte de zone de paix entre ceux de Metaland et Electroland. C'est le seul endroit où ils s'insultent pas. Bien des courageux osent s'aventurer dans les deux mondes, mais se prennent des insultes des deux camps... C'est d'un ridicule »

- « On est d'accord. Libre à nous d'aller dans un univers qui nous plait et d'expérimenter de tout. Pourquoi rester bloquer dans un univers alors que le monde est si vaste ?»

- « Exactement... C'est pour ça que je suis venu ici, et je m'y suis plu. Mais mes ancien potes ont hurlé à la trahison»

- « C'est lamentable... »

 

Le repas fini, nous reprirent le chemin vers son appartement. La musique tourna et nous rechargea les batteries jusqu'au soir.

Le Future Club était en sous sol, comme le club industriel que j'avais fréquenté juste avant. L'ambiance était sombre, mais beaucoup plus haute en couleur. Les néons crillards offraient une ambiance plus intimiste à cette discothèque. Sombre toujours, mais moins oppréssante et tortueuse.

La bière coulait dans la gorge comme un ruisseau glacé et revitalisant. Je bougeais sur la piste comme jamais. Je me sentais tellement bien, comme une renaissance. J'étais heureuse, euphorique, lumineuse, libérée. La musique pénétrait mes oreilles dans un acte charnel des plus éléctrisants et me possédait. Cette nouvelle folie rétro-futuriste aux couleurs fluo ténébreuses m'avait fait rentrer dans une état de trance jamais atteint jusqu'à présent.

Avec James, on dansa jusqu'à la fermeture. Nous étions couverts de sueur, saouls, ridicules, mais heureux. On riait pour un rien, on titubait sur le chemin du retour.

 

- « Hé ! Le soleil se lève !!!! » dis-je tout haut

- « On va boire, euh voir ? »

- « L'un ou l'autre je suis d'accord, haha »

 

Assis sur le sable, je posais ma tête lourde en bourdonnante sur ses cuisses et admirait avec lui le lever du cercle d'or brûlant. La nuit était belle et lumineuse, mais le spectacle du matin s'éveillant était tout aussi beau.

Je souris en sentant la main de James caresser mes cheveux emmelés.

 

- « Je suis trop bien ici... Je pense avoir trouvé un endroit qui me correspond »

- « Vraiment ? »

- « Oui. Même pas besoin d'aller demander à quelqu'un pour savoir quel style me correspond. Personne me connait autant...que moi même en fait. J'aimerais maintenant croiser sa route pour le remercier d'avoir crée ce monde »

- « Heureuse que tu te plaises ici »

- « Maintenant va falloir que je me trouve un coin où vivre »

- « Tu peux rester chez moi si tu veux. On ferait une colocation et on partage les frais. Qu'en penses tu ? »

- « On se connait à peine »

- « Justement, ce sera l'occasion de mieux nous connaître tous les deux »

 

En effet, il nous fallu peu de temps pour nous connaître. Du moins physiquement. Dés notre retour à l'appartement je l'avais embrassé. Quelques instants plus tard, nos deux corps avait fait plus qu'un. Une nouvelle folie corporelle dans un monde tout aussi fou.

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PamelaChougne
La folie des corps, quelle belle idée !
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