Texte du sujet: Corporate Bullshit, sujet 1 : "Disruptif !"

DIS-RUP-TIF

Un mot qui sonne exactement comme il se doit pour le sens qu’il évoque.

Saccadé, comme fracturé, fractionné, coupé, entrecoupé, fissuré, scié, éclaté, scandé.

Il se dit, DIS.

Il se rompt, RUP.

Il se tire par les… TIF.

Comme une touffe de tifs arrachés, ou un scalp capillotracté.

Il se voit comme un Picasso sur une paroi de Lascaux, ou un Emilie Losch sur le plafond de la Chapelle Sixtine.

Presque… anachronique, presque… cathartique, tant il englobe de renouveau issu de la rupture.

Parfois utile, souvent sur-employé, à tort et à travers. Mais à travers quoi ? Rien, du vide, du vague, de l’éther.

Ether terre-à-terre ? Non. Ether-miné. Miné de mots plus pompeux, plus poncifs les uns que les autres, plus… anti-disruptifs. Quelle ironie, dans ce monde peuplé d’ire honnie.

Dis. Dis-moi, la disruption, que nous apportes-tu ainsi ?

Rup. Rupestre, oui, c’est le mot, quand ton emploi excessif nous ramène à l’époque cromagnonesque.

Tif. Tu me tires les tifs, la disruption, quand on t’entend à chaque ponctuation.

Va te faire foutre, la disruption !

 

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