Le soleil s'est éteint. C'est arrivé pendant la nuit, et il n'y eut plus que la nuit. Elle pleurait au téléphone, puis il y eut un long bruit de neige, et enfin un insupportable silence, et plus jamais il n'y eut de neige, ni au bout du fil, ni dans le ciel qui demeura éternellement noir.
Trois ans d'obscurité et de prières inutiles. Trois ans à compter les jours. Pour qui, pour quoi ? Pour rien. Il n'y a plus rien. Pourtant mes yeux demeurent ouverts.
A-t-elle pensé que je lui avais raccroché au nez en entendant le bruit blanc ? Ou bien pleurait-elle sans m'écouter ?
Qu'importe. Elle n'est plus de ce monde et bientôt ce sera mon tour.
D'ailleurs pourquoi tout n'a-t-il pas encore disparu ?
Demain je brûlerai la forêt mourante avec toutes les réserves d'huile qui me restent. Fussent-elles destructrices, j'ai besoin d'une grande lumière et d'une grande chaleur. Je supplie le réel d'un léger instant de réconfort. Quand tout aura été ravagé par le feu et qu'il n'y aura vraiment plus rien à voir, à entendre ou respirer, alors ce sera enfin fini. Je mourrai dans ce désert absurde, et je penserai à elle un dernière fois, pour me souvenir de quand j'aimais vraiment, de quand j'espérais vraiment, de quand je croyais vraiment ne pas être seul.
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