Texte du sujet: Animalité, sujet 4 : "Zoomorphisme"

"Whhhouiiinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn!"

 

- "Quel est donc c'cri?

- C'n'est qu'l'aut' grand bêta, qui s'laissé enfermer, en voulant jouer les p'tits malins, dans la niche vide où n'mettions auparavant nos chiens chasseurs émérites... Y veut qu' "on" le libère, mais s'il n'vait point été faire l'andouille là-d'dans, la grille se s'rait pas refermée toute seule sur sa solitude.

- Qu'est-ce qu'y a pris d'aller là-d'dans?

- C'est qu'y voulait s'prendre pour un chef de meute! "J'suis l'roi du mond'", qu'il clamait, c'présomptueux

- Le 'tit con!

- Oui, tu l'as dit... Mais l'problèm', c'est qu'après, y veut qu'on l'aide à sortir d'ses âneries.

- Laissons-le. C'bien fait pour lui!

- C'est qu'l'après-midi d'avant, il arpentait les poulaillers, aussi. L'effayait les poules, leur courait après, s'moquait d'elles, et après, s'plaignait qu'elles lui filaient d'coups d'becs. A s'croire toujours aud'ssus des punitions et des corvées, à faire l'con là où l's'aut' doivent mett' la main à l'pâte, y finira par tourner mal, le ptiot... S'croit malin mais à cause d'lui j'ai pas pu avoir d's'oeufs.

- S'croit rusé? Faut l'montrer c'que ça fait, de subir s'bêtises. On n'a qu'à l'laisser crier jusqu'à c'soir. Et d'main, pas d'oeufs pour l'déjeuner. Fallait pas embêter les poules!"

Le garnement resta jusqu'au crépuscule à gémir.

 

Les spectateurs de sa déconvenue, goguenards, allèrent le libérer dès que silence se fit dans l'enclos vide de chiens. Le fieffé fanfaron avait besoin d'être, pour une fois, le dindon de la farce, et, le lendemain, boudeur à son accoutumée, le jeûne rajouta à son dépit rageur. On voyait poindre dans ses yeux une malsaine lueur maligne, sournoise, et ses regards peu amènes hurlaient un "vengeance!" qu'il eût été idiot de prendre en compte.

 

Les jours suivants, il se radoucit, mais ses voisins de vie sentaient que cette amabilité n'avait pour but que d'endormir leur méfiance. Aguerris par une vie difficile, ils restèrent sur leur garde et étaient prompts à sévir à la moindre aubaine.

 

Dans son bagne personnel, celui d'avoir attiré et attisé les inimitiés à son encontre, il allait s'incarcérer, se plaignant intérieurement et extérieurement, si l'occasion lui en était donnée par une oreille compatissante, "des autres". Le monde entier était responsable de sa mise au ban, mais lui, pauvre innocent, valait bien plus que tous réunis. Il ne participait plus à rien, sauf si cela avait quelque intérêt à satisfaire quelque désir d'agapes.

 

Sa goinfrerie feignante, indolente, montrait son caractère vicelard de profiteur. Les attitudes ne changeaient pas, ses connaissances étaient fidèles à leurs personnalités, mais saturaient de le voir ainsi gouailler joyeusement à leurs dépens mais se plaindre dans leur dos. Leur générosité d'âme ne changerait pas non plus. Mais, à trop tirer sur la ficelle, les mécanismes même les plus honnêtes craquent et finissent par laisser tomber l'enclume.

 

 

Pleurs dans la niche dont on rit

Sournoiserie et pleurnicheries

Haine envieuse des plus honnêtes

 

Crétin pénalisé, se plaignant d'inimitiés

Que, seul responsable, il a attiré

Fera fuir ses oies, ses ouailles, et les belettes.

 

 

 

Pamphlet écrit le 25 décembre 2010

Partager

Submit to FacebookSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn

Commentaires réservés aux utilisateurs inscrits.