C'est une bulle, irisée et transparente comme une bulle de savon. Elle en a la légèreté; s'envole au gré des courants aériens, et des pulsions que vous lui insufflez. D'un matériau autre, que tous ceux connus jusqu'à présent, elle s'adapte au gré des besoins.

Peut-être est-elle d'origine extraterrestre, je ne sais. Mais je sais que lorsque vous vous y blottissez, dans cette petite bulle qui n'appartient qu'à vous, vous y êtes bien.

Assis en son sein, vous adoptez la position du lotus. Vous êtes en état semi-méditatif. De là-haut, entre deux nuages, vous pouvez observer tout ce qui vous plaît. L'inventer. Le créer. L'oublier. Le transformer.

Si c'était moi, je ne changerai rien à ce monde, tout en changeant tout. C'est difficile à définir...

J'aimerai y observer ce qu'il y a de plus beau. Eole soufflant dans les feuilles naissantes, un félin toilettant ses petits, des cascades dégringolant sauvagement sur les pierres séculaires.

J'aimerai aussi voir les cruautés du monde. Pour pouvoir les changer. C'est peut-être ça, ce "ne change rien" qui devient un "tu peux tout changer". Une vocation? Peut-être. Peut-être pas. Chacun a sa (dé)raison d'être, et on ne créée le beau qu'à partir du moment où l'oeil refuse ce qui l'entoure.

Toujours dans la bulle, je me replie ou me détend. Ses parois ont cette souplesse d'étirement infini. Parfois, elle se laisse fusionner avec d'autres bulles, le temps d'une incursion entre le monde rêvé des uns ou des autres.

Chaque point de vue est différent, d'une bulle à l'autre. L'intensité de savon rend plus ou moins opaques les parois. Les éblouissements peuvent masquer la vue. Et le paysage se trouble, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire.

Mais, depuis cette bulle, c'est là que je suis le mieux. Là que vous pouvez être le mieux, si vous voulez embarquer dans vos cieux...

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