Texte du sujet: Espace, sujet 5 : "Quand l'Espace les sépare"

Mon très cher Ezekiel,

Ca y est ! La Terre devient de plus en plus petite, minuscule, microscopique, presque invisible. Je me demande où tu es toi, dans cette petite poussière que je vois au loin tout en sachant que, où que tu sois, tu illumines tout de ta présence. Nous arriverons sur Mars demain et je ne sais quoi me dire entre « enfin » ou « déjà » tant je n’arrive pas à savoir si je suis entrée dans la station il y a une éternité ou si ce n’était qu’hier. Les journées passent si vite et je ne sais plus où donner de la tête, mais je trouve en même temps ce travail si passionnant ! Et toi alors ? Quand je suis partie, tu avais décroché un nouveau contrat et tu avais commencé à travailler d’arrache-pied sur de nouveaux plans ! Comment tout cela se passe-t-il de ton côté ? J’espère que tu ne te tues pas trop au travail.

    Tu sais, je me demande ce que l’on trouvera sur Mars et comment les pionniers s’installeront, comment ils feront pour vivre alors que la température moyenne tourne autour des moins soixante degrés celsius. Je sais que tout a été prévu pour que tout se passe bien, mais je ne peux m’empêcher de me poser des questions dont j’ai hâte de découvrir les réponses, d’être émerveillée par elles.

 

J’attends ta réponse avec impatience,

Je t’aime

Doriane

 

Envoyé le 15/12 à 18h46





            Ma tendre Doriane,

 

Je reçois à l’instant ta lettre et me met donc derrière mon écran afin de te dire comment ma vie sur terre se passe. Moi qui me les gèle, je crois que toi tu dois carrément congeler...Je pense que tu as dû oublier ce que c’était de sentir ce bruit stressant de la neige qui craque sous les bottes, les branches cassées sur le chemin, les flocons volant ici et là au gré du vent ou encore les cheminées qui dégagent les parfums de tartes de grand-mère! Te souviens tu de celle que tante Suzanne nous faisait quand tu étais encore là? Cela me manque énormément tous ces bons moments passés ensemble. Tu me manque tout court à vrai dire… Mais, la vie continue son court comme on dit. Mon premier contrat a été un réel succès et j’ai vite été remarqué par d’autre entreprises! Je pense même pouvoir monter ma propre boîte d’ici quelques mois si tout continue ainsi…

Et toi, ma belle, comment se passe la vie sur Mars depuis le 15  de ce mois ? Cela fait bien treize jours que tu y es et je veux des détails croustillants ! Qui sait, cela pourrait me donner de futures idées pour un éventuel concept innovant !

Je pense à toi tout le temps et tu embellie mes nuit.

 

            A très bientôt mon amour,

            Ton homme qui t’aime.

                        Ezekiel

Envoyé le 28/12 à 11h07

 

A mon Ezekiel,

 

    En recevant ton mail, je me rends maintenant et seulement maintenant compte que Noël est passé. J’aurais aimé être là, avec toi, pour partager ce moment, t’offrir quelque chose qui t’aurait marqué, voir la surprise dans tes yeux ainsi que, je l’espère fortement, beaucoup de joie. Je suis extrêmement heureuse d’enfin recevoir ce mail, tu ne peux imaginer à quel point je deviens folle sans nouvelles de toi.

    Comme prévu, j’ai cru que j'allais finir totalement congelée et rester sur Mars pour le restant de ma vie. La température est descendue bien en-dessous de ce qui était prévu ! J’aurais aimé que tu sois là, que tu me prennes dans tes bras pour me réchauffer comme tu l’as si souvent fait… Les vrais hivers me manquent, ceux dont tu me parles me manquent, ceux où nous étions ensemble chez Suzanne pour profiter non seulement de ses tartes, mais aussi de ses délicieux chocolats chauds.

    Je n’ai même pas les mots pour dire à quel point je suis fière de toi pour ton travail ! J’ai toujours su que tu y arriverais et je me sens un peu triste de ne pas être là pour le voir, pour le fêter avec toi, mais je sais que l’on se rattrapera, lorsque je serai de retour !

    La vie, que ce soit les quelques jours glaciaux sur Mars ou le retour dans la station en chemin vers Jupiter, passe bien trop vite. Sur Mars, nous avons réussi à installer pas mal de monde et je pense qu’ils ont assez de vivres pour que tout se passe bien jusqu’à ce qu’ils réussissent à devenir totalement autonomes. Je me souviens avoir d’ailleurs eu un fou-rire lorsque j’ai vu les premières petites habitations. La première pièce était toujours une sorte de sas de décompression, pour éviter que le froid, presque meurtrier, entre dans la maison. C’est une pièce totalement vide mais j’avais toujours l’impression, dès que je la traversais, d’être dans l’un de ces films totalement barges que tu me montrais autrefois et devant lesquels je m’endormais. Il y a beaucoup de pièces allouées aux cultures aussi, et cela donnait lieu à de véritables natures intérieures, c’était si beau !

    Jupiter est notre prochain défi, nous travaillons sur les derniers détails de l’installation des familles, notamment liés au fait que c’est bien sur une planète gazeuse que nous allons, une planète gazeuse où la température avoisine les moins cent soixante degrés celsius et où il y a des rafales de vents à six cents kilomètres à l’heure !

    A l’heure où j’écris, je ne peux que me demander ce que tu fais, comment tu vas et je ne peux que me rendre compte, encore et toujours, du vide grandissant que ton absence laisse en moi. Tu me manques de plus en plus chaque jour et même si j’apprécie cette mission au plus haut point, je ne peux m’empêcher d’attendre le jour où nous nous reverrons enfin.

 

Je t’aime à un point inimaginable

Doriane, à qui tu manques horriblement

Envoyé le 24/01 à 04h54




        Mon amour,

Je me doute que cela ne doit pas être facile tous les jours. Je te demande juste une seule chose : fais attention à toi. Je suis conscient que vous avez été formés pour cette mission mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter surtout quand tu me fais part de détails quelque peu terrifiants. De plus, je remarque que les e-mails mettent plus de temps à arriver… Que ferais-je s’il t’arrivait quelque chose? Tu es la seule chose qu’il me reste alors revient moi saine et sauve ma douce. Ici bas, sur cette jolie petite planète bleue -quoique les hommes la détruisent peu à peu- nous sommes sur la saison printanière. Tu te souviens, lorsque l’on regardait la nature s'éveiller au bord du lac, les fleurs fleurissant, le soleil brillant de mille feu dans le ciel et nos balades à vélo sous ce magnifique temps.

Je continue à vivre sans toi mais cela me paraît de plus en plus dur… Quand reviendra-tu? Quand pourrais-je te sentir dans mes bras, ton parfum venant chatouiller mon nez?

Tous les soirs, je m’endors ressentant le froid de ton côté du lit, le droit, s’insinuant dans mon coeur, preuve d’une absence trop longue. Je savais à quoi m’attendre et je croyais pouvoir y faire face mais, je pense m’être voilé la vérité. C’est dur mais je tiendrais bon. Je me dis que les retrouvailles seront magnifiques.

Je veux que tu continues à me tenir au courant, même si ça me fait peur et me terrifie, je veux savoir ce que tu fais, comment tu te sens…

Je ne sais quoi dire d’autre. J’ai réussi à monter ma boîte comme prévu et ça fonctionne bien. J’ai dû engager des employés pour m’aider mais ça roule !  Je suis content de ce côté là, je n’ai pas à me plaindre.

Quelques soient les kilomètres qui nous séparent, peu importe les planètes qui se mettent sur notre chemin, mon amour pour toi reste et restera intact.

J’espère que les jours mettront moins de temps à me faire parvenir tes nouvelles, même si j’ai dans l’idée que ça ne sera pas le cas.

Je te laisse filer à travers l’espace pendant que moi je file au boulot !

 

            A bientôt mon ange.   

            Avec tout mon amour

                        Ezekiel, ton amant qui a froid de ton absence

Envoyé le 04/03 à 6h43




Mon doux Ezekiel,

 

    Jupiter fût une épreuve difficile et plusieurs imprévus se sont installés sans nous demander notre avis, compliquant encore plus le tout et nous demandant encore plus de travail. J’aimerais pouvoir me reposer, mais nous repartons déjà vers Saturne où les mêmes problèmes se poseront sûrement mais où nous espérons pouvoir réussir plus rapidement, maintenant que nous savons à quoi nous attendre. Comme tu le sais sûrement, Saturne est une planète gazeuse également, la température sera encore plus froide et je n’ose même pas te dire la température exacte qu’il y fera, en moyenne; tu gèlerais en la lisant.

    Les e-mails prennent de plus en plus de temps, tu as raison, et je suis passablement triste de devoir attendre encore plus à chaque fois pour avoir de tes nouvelles. Tes e-mails me font toujours sortir de mon quotidien, ramènent en moi des sentiments, des souvenirs qui me manquent. J’aimerais tellement vivre l’arrivée du printemps avec toi, profiter du parc et le voir fleurir à nouveau, devant nous.

    Plus la mission avance et plus j’aimerais rentrer. Bien sûr, j’apprécie énormément mon travail et je suis très heureuse de pouvoir participer, ainsi, à ce projet, aux premières colonies humaines envoyées dans l’espace, mais tu me manques terriblement, trop à vrai dire. Le fait de ne dormir que dans un petit lit simple me rappelle chaque nuit à quel point je suis seule, sans toi, et à quel point je voudrai être à des années-lumières de là où je suis, pour une fois que ce n’est pas totalement qu’une expression.

    Quand je rentrerai, je profiterai de l’argent gagné durant cette mission pour nous offrir un voyage, un long voyage ! Je sais que tout comme moi, tu apprécies de voir d’autres pays, de rencontrer d’autres personnes, d’apprendre d’autres cultures. Où irions-nous ? J’ai toujours rêvé d’aller au Canada, nous pourrions commencer par là peut-être ? Continuer vers le Sud au Brésil, en Argentine ? Visiter l’Afrique du Sud, Madagascar ? Aller en Australie et en Nouvelle-Calédonie ? Atteindre le Japon, la Chine ? Finir par l’Europe, près de chez nous, la Norvège, l’Italie ? Je travaille d’arrache-pied tous les jours pour pouvoir mener cette mission à bien, revenir sur Terre, avec toi, que l’on puisse profiter de ce que nous sommes.

    Je suis également très fière de toi, je ne te le dirai jamais assez, pour ta boîte. Je sais que c’est quelque chose que tu as en tête depuis longtemps et voir que cela se concrétise et même, plus encore, que cela fonctionne, c’est magnifique. Tu peux être fier de toi car ta réussite, tu ne la dois qu’à toi et à personne d’autre, ne laisse pas les gens t’enlever ça.

 

L’espace me semblerait moins froid, si tu étais là, et mes journées beaucoup plus chaudes.

J’ai l’impression de commencer à t’imaginer, tel un mirage

Je t’aime d’un amour qui ne prend pas en compte cette distance

Doriane qui ne rêve que de revenir

Envoyé le 05/05 à 05h16



Ma douce,

Sache que même si tu m’épargnes les détails, les recherches internet existent et tu connais mon vieux penchant pour la curiosité, aussi vilain soit-il. Je sais donc la température environnante que l’on trouve sur Jupiter… j’en ai des frissons. Dommage que la poste n’aille pas dans l’espace, j’aurais dévalisé le magasin de couvertures pour toi !

Contrairement à toi, ici bas sur cette Terre, on frôle les trente-cinq degrés. Autant te dire que moi j’ai chaud et j’aimerais tant te donner un peu de cette chaleur que ce soit physiquement ou psychologiquement. Te redonner un peu de baume au cœur… comme au bon vieux temps, comme lorsque tu paniquais pendant les examens pour être sélectionnée afin de faire cette mission… j’étais là, à te redonner de l’espoir, le sourire, l’envie d’y croire et de ne pas baisser les bras. Là, je pense que c’est moi qui ai besoin de ce réconfort…

Mais bon! On fait avec et puis la famille m’aide à tenir le coup! Ethan, mon neveu m’a obligé à venir à la mer avec lui et sur la plage, c'était hilarant. Tu aurais été là, j’aurai pas donné cher de mon égo ! Ce petit chenapan n’a pas arrêté de me tourner en bourrique. Ça m’a fait du bien de me vider la tête. C’est une vraie source de bonheur cet enfant!

Trêve de plaisanteries. Je pense à cette histoire de voyage et j’avoue que cela me tente assez bien. J’aime assez le programme que tu nous as concocté. Cela pourrait également assouvir ma curiosité et me permettre de découvrir d’autres architectures !

Je suis aussi fier de toi. Peu de personnes pourront se vanter de cette mission…

Tu me manques tellement. Je ne sais que dire. Les mots,les mots, que des mots. Je me fiche des mots je veux joindre la parole aux gestes mais cela m’est impossible…

Je te laisse sur cette douce nostalgie des moments passés avec toi.

Je t’aime mon amour.

Ton homme qui est couvert de travail

Envoyé le 12/07 à 9h46






A l’homme de ma vie,

 

Saturne était plus froid que Jupiter mais moins compliqué et nous avons essuyé moins d’imprévus, mais le principal n’est pas là. Sur Saturne, je n’ai fait que penser et je me devais de t’en parler, je n’ai fait que penser en voyant les fameux anneaux de Saturne. Quand je rentrerai, j’aimerais que l’on se marie, que l’on profite, que l’on fasse une grande fête pour réunir toute la famille, que l’on voyage ensuite bien sûr, comme je t’en avais parlé, que l’on rattrape tout ce temps perdu ! Qu’est-ce que tu en dis ? Je sais que beaucoup diront que la distance nous aura cassés, nous aura détruits, mais je sais que c’est faux, tu sais que c’est faux, montrons leur !

Je peux frimer du fait que j’aie été prise pour cette mission, que j’ai réussi à la mener à bien, mais qu’est-ce que c’est à côté du fait de t’avoir à côté de moi, de pouvoir t’appeler mon mari ? Je me rappelle de chacun des instants que tu évoques, chaque moment où tu étais près de moi, près à tout pour m’aider, même à t’oublier un peu parfois. Je n’oublierai jamais tout ça, et j’aimerais te le rendre au centuple, quand je serai de retour.

La famille me manque aussi, pas autant que toi bien sûr, mais tout de même. Quel âge a Ethan maintenant ? J’ai l’impression de n’avoir plus aucune notion du temps… J’ai l’impression de rater tellement de choses, autant avec toi qu’avec eux. Combien d’anniversaires ai-je raté ? Combien d’événements importants ?

J’aime ma mission, j’aime mon travail mais j’aime plus encore ma famille et, surtout, je t’aime toi, je voudrais tellement te retrouver….

 

Les mots sont bien trop en-deça de tout ce que je ressens pour toi

 

Doriane qui n’attends que de te revoir

Envoyé le 15/09 à 16h41

 

Ma chérie,

Je suis tellement fier de toi, si tu savais à quel point… peu de personnes en seraient capables.

Il me tarde tellement que tu reviennes dans dix jours. Je ne sais même pas si tu recevras mon e-mail d’ici là. Peut-être qu’en revenant vers la Terre, le réseau sera meilleur et tu verras ce que je veux t’annoncer avant que l’on se retrouve.

Lorsque tu auras mis un pied à terre, moi je mettrai le genou. En espérant être protégé de toute cette pluie qui ne fait que tomber. Ça serait dommage que je sois mouillé pendant que je te demanderai si tu veux de moi comme époux. Car c’est ce que je ferai. Je te dirai mot pour moi « Dorianne veux tu faire de moi l’homme le plus heureux de la Terre en acceptant de m’épouser? » et j’espère que tu répondras, les larmes aux yeux « oui je le veux » et que tu me sauteras dans les bras, folle de joie et remplie d’amour. Tu pourrais même faire une overdose avec tout l’amour que je t’administres.

J’attends tellement ton retour. Ô, amour, que ce fut long cette année sans toi, sans tes bras, sans ta chaleur, sans ton parfum. Et, surtout, sans ton amour!

Je n’ai plus grand chose à te dire en cette fin de mission! Pour moi c’est toujours la même chose donc je ne vais pas me répéter!

Je te vois bientôt mi amor.

Je t’aime plus que tout !

Ton mari qui tourne en rond en attendant sa future femme.

Envoyé le 05/11 à 12h21

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A-Nacht
C'est très bien écrit (peut-être que cela mériterait une chute un peu plus surprenante, ou pas -l'amour qui survit à la distance et au temps est déjà en soit simplement surprenant ?)
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